FILMO Présenté à la Quinzaine des réalisateurs en 2018, Carmen & Lola d’Arantxa Echevarria est un premier long métrage sur deux jeunes femmes qui tombent amoureuses. Un La vie d’Adèle dans la communauté gitane de Madrid ? Pas vraiment.
Carmen est une jeune gitane prête à se marier. Son avenir est tracé : épouser un homme de sa communauté et faire un maximum d’enfants. Mais ça c’était avant de rencontrer Lola. Elle aussi gitane, elle rêve d’aller à l’université, fait des graffitis et aime les femmes. Elle va bouleverser le monde de Carmen.
Récompensé de deux Goyas, les César espagnols, pour la meilleure actrice dans un second rôle et pour la meilleure réalisatrice d’un premier long métrage, Carmen & Lola est aussi avant tout l’occasion de révéler deux jeunes actrices : Rosy Rodriguez et Zaira Romero et un nouveau regard de cinéaste engagée.
Tout est parti d’un article de presse. Réalisatrice basque de courts métrages, de fiction ou documentaire, ainsi que d’une partie d’un film d’horreur à sketchs, Arantxa Echverria a lu dans la presse un article relatant l’histoire d’un mariage lesbien gitan en Espagne. Elle décide alors de consacrer son premier film à un sujet sur les femmes. Mieux, à un sujet sur l’émancipation féminine. Car ce que décrit dans un premier temps la cinéaste, c’est un système. Un système patriarcal qu’est la communauté gitane. Les femmes y naissent avec le but de devenir des épouses modèles et des mères épanouies de plusieurs enfants et de transmettre cette tradition à leurs filles à leur tour.
Dans ce milieu décrit dans Carmen & Lola, où la religion prime et où le pouvoir est laissé aux hommes, peu d’entre elles ont eu accès à l’école et encore moins auront accès au travail. Subissant par ailleurs une double peine en raison de leur couleur de peau et de leur appartenance à la communauté gitane. C’est cette même discrimination qui a donné beaucoup de fil à retordre à la réalisatrice pour trouver son casting. Zaira Romero fut la première actrice que la cinéaste a rencontré lors de ses recherches de comédiennes et le coup de cœur fut immédiat. Mais ce ne fut pas aussi simple pour toutes les autres actrices.
Mais si Arantxa Echeverria observe cette communauté avec une certaine crudité notamment par sa caméra portée, proche de ses actrices, elle n’est pas là pour autant à la juger. Elle livre un film naturaliste, laissant l’occasion à ses personnages d’évoluer et de réagir par rapport à leur environnement. Et surtout, elle offre un premier film engagé et féministe. Elle laisse la parole aux femmes et leur permet un récit d’émancipation, certes peut-être un peu convenu, mais qui n’en reste pas moins fort. L’évolution d’une amitié qui cache, au-delà des us et coutumes du milieu dans lequel elles évoluent, un véritable amour qui ne demande qu’à être découvert et vécu.
PARCE QUE si le film s’inscrit dans la description classique d’amours impossibles, il innove en situant son intrigue dans le cadre inattendu du monde des gitans.
