Pourquoi regarder ANIMA BELLA de Dario Albertini ?

Le portrait tendre et émouvant d’une jeune fille ensoleillée dès le nom malgré les circonstances qu’elle a connues.

Après la mort de sa mère, Gioia a continué à vivre dans une petite ville de campagne avec son père, s’occupant de leur troupeau de brebis et vendant du lait et du fromage. Elle est très appréciée dans la communauté dont elle fait partie intégrante, entourée d’amis, des fidèles de la paroisse locale et de nombreuses personnes qui apprécient sa disponibilité et sa gentillesse. Mais son père Bruno a l’habitude de jouer et s’endette tout le temps : ce qui signifie qu’il doit trouver l’argent pour payer ses créanciers. Un psychologue conseille à la jeune fille de faire interner Bruno dans un centre de désintoxication, mais ce sera l’homme qui devra prouver son envie d’arrêter. Et Gioia devra prendre des décisions drastiques concernant sa propre vie et celle de son père.

Après le succès de son premier long-métrage Manuel, Dario Albertini revient au grand écran avec une maturité plus élevée, mettant à profit son passé de documentariste, et en particulier sa première œuvre, Slot – Franco’s intermittent lights, qui suivait le quotidien d’un joueur compulsif.

Cette fois, cependant, Albertini choisit de montrer les répercussions sur les proches d’un joueur, et dépend dans une certaine mesure de lui pour sa survie. Avec Gioia, le réalisateur et scénariste (avec Simone Ranucci) dessine du bout de sa plume le portrait d’une jeune fille qui saute le soleil dès son nom malgré sa condition modeste, qui se déplace avec une légèreté laborieuse au sein d’une communauté solidaire qui n’est jamais racontée avec condescendance.

Se détacher de cette communauté pour venir en aide à son père sera la partie la plus difficile pour elle dans un processus de croissance qui concerne à la fois elle, plus mature que son âge, et l’adulte qui n’a jamais grandi et qui l’accompagne. L’approche naturaliste d’Albertini et le jeu instinctif de Madalina Maria Jekal et Luciano Miele sont au service total de la crédibilité de l’histoire et des rôles de Gioia et Bruno. Autour d’eux, un casting mixte de non-acteurs et de professionnels peu vus au cinéma, d’Elisabetta Rocchetti à Yuri Casagrande Gori en passant par Francesca Chillemi, en passant par le caméo de Piera Degli Esposti qui nous fait regretter encore plus sa mort.

Albertini appartient à la nouvelle génération de réalisateurs italiens issus du documentaire et qui adhèrent à un critère très strict de vérité et de réalisme, d’Alice Rohrwacher, en particulier celui de Corpo celeste, et Jonas Carpignano. C’est précisément la similitude, en termes de structure narrative et de caractérisation du protagoniste, avec A Chiara de Carpignano, que Gioia risque de « passer en second lieu », alors qu’au contraire (en plus d’avoir été développé en parallèle) il mérite une attention individuelle et une affection exclusive.

La belle main de direction d’Albertini parvient à ne jamais être imposante ou intrusive et raconte avec une tendre participation les rêves et les espoirs d’une âme jeune et non contaminée, qui connaît la noblesse du travail et parvient à fréquenter des motels sordides sans se salir, ainsi qu’à profiter des nouvelles technologies sans se laisser engloutir.

Article par Paola Casella


PARCE QUE l’addiction est un grand sujet de cinéma.

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