Pourquoi regarder LA TRÈS TRÈS GRANDE ENTREPRISE de Pierre Jolivet ?

Le mythe de David contre Goliath ne cesse de nourrir le cinéma. La très très grande entreprise, de Pierre Jolivet, est une nouvelle variation de l’histoire biblique, sise en milieu industriel. Goliath est ici Naterris, énorme groupe agrochimique qui pollue un étang sans vergogne. David, ce sont quatre riverains, tous touchés d’une façon ou d’une autre par ces malversations et qui, très déçus de la somme dérisoire que Naterris est condamné à payer au terme d’un procès, décident de faire appel. Seulement voilà, pour cela, il faut de nouveaux éléments de preuve. Les quatre compères « montent » à Paris pour s’introduire dans les locaux de l’entreprise et en trouver. Le film se mue alors en une efficace et pétillante comédie d’espionnage.

Pierre Jolivet parvient en effet, avec sa mise en scène rebondissante, à insuffler un bon rythme aux aventures de ces apprentis James Bond, contraints de se faire embaucher dans le bon bâtiment, de pirater des ordinateurs ou d’apprendre à ouvrir des coffres-fort. Son scénario habile ménage rebondissements et retournements de situation, avec malice mais sans se départir de son ton grinçant, n’offrant jamais aux rapaces de la mondialisation que le cinéaste entend dénoncer l’occasion de se racheter.

La très très grande entreprise doit aussi beaucoup à ses comédiens, Roschdy Zem et Jean-Paul Rouve en tête, qui prennent tous un plaisir communicatif à saboter le géant leur faisant face. On reconnaîtra aussi le footballeur Vikash Dhorasoo dans un petit rôle et surtout Denis Ménochet dans celui d’un vigile, un an seulement avant qu’il explose en 2009 dans la scène d’ouverture d’Inglorious Basterds, de Quentin Tarantino.

Si le monde du travail est un thème cher à Pierre Jolivet, qui l’avait déjà exploré notamment avec Ma petite entreprise en 1999, le grand mérite du cinéaste ici est d’avoir réussi à éviter le pamphlet. Dénoncer le capitalisme à tous crins, oui, mais avec humour et vivacité. On ne peut que saluer le mélange d’allégresse et d’humilité de cette Très très grande entreprise, qui prend autant au sérieux son propos que sa mission : celle de divertir.


PARCE QUE cette comédie entraînante aborde le sujet très sérieux de la pollution industrielle.

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