Pourquoi regarder THE SESSIONS de Ben Lewin ?

Si vous aimez ce qu’on appelle des « histoires vraies », des grands sentiments et le mélo compassionnel, comme le public du Festival de Sundance qui lui décerna son prix en 2012, The Sessions est pour vous. Réalisé par Ben Lewin, le film s’inspire d’un article publié par Mark O’Brien : “Rencontrer une assistante sexuelle”. Atteint de poliomyélite dans son enfance, O’Brien passait la majeure partie de son existence enfermé dans un poumon d’acier, dépendant d’auxiliaires de vie. À 38 ans, après en avoir discuté avec le prêtre de sa paroisse, il décida de perdre sa virginité grâce à une assistante sexuelle.

Le film développe les faits racontés par l’article, montre au quotidien les difficultés d’O’Brien, les échanges avec le prêtre et surtout les sessions avec Cheryl, l’assistante sexuelle. Bien évidemment, des sentiments vont se nouer entre les deux personnages. La réussite du film tient dans l’extrême pudeur dont le cinéaste fait preuve en abordant le handicap du personnage et les scènes d’apprentissage sexuel.

L’autre point fort réside dans l’interprétation. Dans le rôle de l’assistante, Helen Hunt fut nominée aux Oscars, dans la catégorie de la meilleure actrice dans un second rôle. Elle avait été révélée par la sitcom télévisée Dingue de toi, avant de se faire remarquer chez Robert Altman et Woody Allen. Dans le rôle difficile d’O’Brien, John Hawkes est remarquable, sur les traces torturées de Lon Chaney, puisqu’il recréa la posture du personnage en courbant sa colonne vertébrale avec un morceau de mousse posé sur le côté gauche du dos. Son chiropracteur le mit en garde des risques physiques qu’il courait, puisque certains de ses organes internes commençaient à se déplacer.

Il existe dans le mélodrame un sous-genre spectaculaire qu’on peut baptiser « le mélo du handicap ». Lequel connaît deux approches opposées. Lon Chaney en fut le leader incontesté, qui trouva chez Tod Browning le complice le plus noir. Ils fabriquèrent d’incroyables tragédies frénétiques, tiraillées par les pulsions sexuelles et une cruauté sardonique. Freaks du même Browning et L’Homme qui rit avec Paul Leni sont d’autres réussites de cette vision qui met le spectateur dans une position  inconfortable.

La seconde voie est plus conventionnelle, celle des bons sentiments et d’une empathie sans aspérités, non dépourvue, comme dans The Sessions, d’une posture religieuse. Ben Lewin n’a pas l’humour macabre de Tod Browning. Lui-même rescapé de la poliomyélite, il voulait traiter de ce sujet dans une série autobiographique avant de découvrir l’article d’O’Brien et de l’adapter respectueusement, en travaillant avec la compagne d’O’Brien dans ses dernières années et sa véritable assistante sexuelle.

Il organisa un casting avec des handicapés, mais son choix se porta sur le comédien professionnel John Hawkes, plus apte à transcrire la diversité des sentiments du personnage. O’Brien était décédé en 1999, mais un court métrage documentaire avait été tourné avec lui en 1996, Breathing Lessons : The Life and Work of Mark O’Brien, par Jessica Yu, 25 minutes durant lesquelles il se confiait ouvertement et qui inspirèrent le comédien.

Ecrit par Christophe BIER


PARCE QU’HELEN HUNT a reçu l’Oscar pour son rôle d’assistante sexuelle.

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