Pourquoi regarder BIG EYES de Tim Burton ?

Le nom de Walter Keane est à jamais gravé dans la longue histoire de la peinture, mais pas forcément pour des raisons artistiques ! Walter Keane passe même pour l’artisan d’un des plus grands scandales picturaux du 20e siècle.

Vous avez sans doute déjà vu des œuvres signées de son pinceau, caractérisées par ces personnages enfantins aux grands yeux tristes. Big eyes de Tim Burton raconte justement l’histoire trouble de leur création, le film suivant la thèse de la femme de Keane, Margaret, laquelle a gagné dans les années 80 le procès intenté depuis longtemps contre son époux. Motif de la procédure : c’était elle qui réalisait les toiles (dont les reproductions se sont vendues à des millions d’exemplaires dans le monde), et pas lui !

Christoph Waltz et Amy Adams donnent vie à l’écran à ce couple hors du commun, posant au passage des questions passionnantes sur l’art, l’argent, la notoriété et l’inspiration…

La peinture n’est bizarrement pas un sujet majeur du cinéma. Comme s’il était difficile ou délicat de transposer à l’écran des œuvres ou des destins d’artistes pourtant célébrés dans les musées du monde entier. Quelques exemples majeurs ont cependant illuminé nos écrans, comme le destin de Vincent Van Gogh. On pense évidemment au film de Vincente Minnelli en 1956 avec le duo Anthony Quinn-Kirk Douglas, Vincent et Théo avec Tim Roth en 1990 mais aussi un an plus tard à la version Maurice Pialat de la vie tourmentée du peintre à l’oreille coupée, incarné par Jacques Dutronc.

Dès 1936, Charles Laughton fut un remarquable Rembrandt, soixante ans plus tard Julian Schnabel rendit un hommage vibrant à Basquiat avec Jeffrey Wright dans le rôle-titre et David Bowie dans celui d’Andy Warhol. En 1996 toujours, Anthony Hopkins campait un Picasso criant de vérité dans le Surviving Picasso de James Ivory, Ed Harris prenant les atours de Pollock dans le film du même nom en 2000. N’oublions pas les femmes et Salma Hayek, troublante de vérité en Frida Kahlo en 2003 ou Yolande Moreau, bouleversante en Séraphine d’après le destin tragique de Séraphine de Senlis, en 2008. Enfin plus près de nous, la remarquable prestation de Timothy Spall, prix d’interprétation masculine à Cannes en 2014 pour Mr Turner de Mike Leigh…

Tim Burton, ancien dessinateur des studios Disney, ne pouvait pas rester insensible à la vie et l’œuvre de ces créateurs qui souvent confondent leur existence et le sujet de leur inspiration, sombrant dans une mégalomanie ou une folie parfois fatale. Abandonnant son style gothique et lugubre, le réalisateur américain signe un film qui n’est cependant pas dépourvu de noirceur et de drame.

Walter Keane passe pour un des fraudeurs les plus retentissants de l’histoire de l’art. Vous l’avez-vu, tout en exploitant le talent de son épouse à des fins mercantiles, il finit presque par se convaincre d’être le véritable auteur de ses peintures, ou en tout cas leur inspirateur…


PARCE QUE Tim Burton s’attaque à une histoire (presque) vraie.

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