Pourquoi regarder BLUE JEAN de Georgia Oakley ?

Présenté en compétition à Venise en 2022, Blue Jean traite de la difficile émancipation des femmes dans une société britannique très accrochée aux conventions. À ce titre, il s’inscrit dans la tradition du film de Ronald Neame Les Belles Amours de Miss Brodie (1969), qui racontait comment, dans les années 30, une enseignante controversée défiait les conventions et se battait pour son indépendance. Un demi-siècle plus tard, Blue Jean montre que cette indépendance est encore plus difficile à obtenir pour une héroïne lesbienne confrontée à l’univers hostile qu’est l’Angleterre de Margaret Thatcher.

Le personnage principal est Jean, une prof d’éducation physique de Newcastle en quête d’identité sexuelle, mais qui prend soin de le cacher. La nuit, elle sort avec Viv, son amante beaucoup plus délurée, qui n’en a rien à faire des homophobes et déclare son homosexualité au grand jour. Le contraste entre les deux mondes est frappant, d’autant que le silence de Jean conditionne sa tranquillité. L’intrigue se complique lorsque Jean reconnaît une de ses élèves dans le bar gay qu’elle fréquente. L’enjeu est important parce que si Jean laisse révéler sa sexualité, elle risque de perdre son emploi.

Pour son premier film en tant que réalisatrice, Georgia Oakley expose les complexités d’une situation invivable, et réussit à raconter avec sensibilité une histoire touchante. Elle est considérablement aidée par l’interprétation de Rosie Mc Ewen dont chaque nuance de jeu revient à exprimer le sentiment qui l’accompagne en permanence : la peur d’être découverte, effet pervers inévitable d’une société répressive, et qui rend son personnage si difficile à cerner. Au début du film, Jean écoute à la radio une nouvelle qui fait allusion à la section 28, un amendement de 1988 destiné à « limiter la promotion de l’homosexualité » dans les écoles publiques. Si Blue Jean est situé à cette époque, c’était parce qu’elle était particulièrement éprouvante pour la communauté LGBT. L’amendement a fini par être abrogé en 2003.


PARCE QU’IL est impossible de rester insensible à cette histoire touchante d’une prof d’éducation physique obligée de cacher sa sexualité pour garder son emploi et sa respectabilité dans l’Angleterre de Thatcher.

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