Laurent Delmas En partant vivre à Manhattan pour devenir photographe, Ronit Krushka, alias Rachel Weisz, a pris ses distances avec la communauté juive orthodoxe londonienne dont elle est issue. Mais quand elle apprend la mort de son père, un rabbin, elle décide de rentrer chez elle pour assister aux obsèques. Or, seul Dovid, son ami d’enfance, semble heureux de la revoir. Mais tout change quand Ronit retrouve Esti, incarnée à l’écran par Rachel McAdams, dont elle était secrètement amoureuse et qui est désormais l’épouse de Dovid…
C’est le cinéaste d’origine chilienne, Sebastian Lelio qui, avec sa coscénariste Rebecca Lenkewicz signe cette adaptation d’un roman de Naomi Alderman, La Désobéissance, publié en 2017 à Londres et qui a été traduit en France l’année suivante. « Je suis immédiatement tombé amoureux des trois personnages principaux », a expliqué le cinéaste. Le roman comme le film parle de l’évolution de leurs rapports et de l’impact de ces jours de deuil sur leur vie.
Outre sa performance d’actrice principale du film, Rachel Weisz est plus encore à l’origine même de Désobéissance puisqu’elle en a dès l’origine assuré la production. C’est elle qui a fait appel à Sébastian Lelio et c’est à elle que le cinéaste a pensé pour incarner Ronit au moment de l’écriture du scénario. Tous deux ont été assurément séduits par cette histoire de transgression dans un milieu ultraconservateur et rigide qui se mue en drame universel.
D’origine chilienne, le cinéaste Sébastian Lelio vit depuis plusieurs années à Berlin. C’est avec son quatrième long-métrage intitulé Gloria qu’il a véritablement rencontré les faveurs de la critique et du public. La comédienne du film, Paulina Garcia, remporta en outre un Ours d’Argent à la Berlinale en 2013. Quant au film suivant, Une femme fantastique, il se vit décerner l’Ours d’argent du meilleur scénario à Berlin en 2017 puis l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Pour son sixième film, après Désobéissance, Lelio a tourné lui-même le remake de Gloria, avec Julianne Moore dans le rôle de Ronit.
Le film de Sebastian Lelio n’est pas, loin s’en faut, le premier à s’intéresser par le biais de la fiction à la délicate question de l’homosexualité dans le milieu orthodoxe juif. Ce fut par exemple le cas avec une autre œuvre remarquable, Tu n’aimeras point, réalisée en 2009 par le cinéaste israélien Haim Tabakman et qui raconte les amours interdites d’un boucher et d’un étudiant, tous deux Juifs orthodoxes de Jérusalem.
Selon la productrice et actrice Rachel Weisz, le terme de « désobéissance » n’a guère de sens aujourd’hui, à moins de situer l’intrigue, comme c’est le cas ici, dans une communauté comme celle des Juifs orthodoxes du Nord Londres. Et le cinéaste Sebastian Lelio d’ajouter quant à lui que les personnages du film doivent se confronter à des institutions très rigides comme celles que connaissent actuellement toutes les sociétés humaines où les vieux modèles semblent obsolètes ou insuffisants. C’est cet affrontement qui est au cœur du film.
PARCE QUE Rachel Weisz et Rachel McAdams excellent dans ce film qui entend bien briser les tabous et les interdits.
